Semaine du 28 juin au 3 juillet 1999
Comme tout le monde, organiser ses vacances, c'est déjà tout un programme. Il est vrai que pour une personne clairvoyante l'embarras du choix est très vaste en ce qui concerne la destination ou la nature du séjour, pour un aveugle les propositions sont plus restreintes.
Bien entendu les vacances familiales chez des parents, peuvent être une des solutions quelque peu banale mais envisageable. Faire la connaissance d'autres personnes, en plus pendant les vacances devient un besoinque nous pouvons satisfaire pendant cette période. Pour notre part, un séjour doitpermettre de s'évader de son cadre habituel et de vivre des expériences nouvelles dans des régions ou pays différents. Suite à un stage de ski de fond à Seillac près de Briançon, organisé par Handisport au mois de février 1999. Nous avons appris, que handisport proposait différents stages loisirs de tout genre où la compétition est totalement exclue. Nous nous sommes donc décidé d'effectuer une croisière en Méditerranée. Le séjour consistaità s'initier à la voile, tout en découvrant les îles de la côte d'Azur : les Embiez, Porquerolles, Port Crau, les îles du Levant avec des escales à Saint-Mandrier, Cassis et un mouillage dans une calanque près de Marseille.
Notre bâteau était un voilier de 12 mètres appelé Love 2 qui nous servait d'hôtel flottant et de moyen de transport. L'équipage était formé de 4 handicapés : 1 handicapé physique Max, un IMC Alban, 2 aveugles Claudine et Michel et, pour accompagner ce carré de mousses, 3 personnes valides : le skipper Flavien, 2 encadrants handisport Cédric et Mathieu.
Le but de ce séjour était de naviguer 4 à 5 heures par jour, afin d'apréhender la navigation et de découvrir les îles ou ports d'attache en randonnée. La météo étant l'élément primordial pour faire avancer un voilier, le trop ou absence de vent nous oblige soità rester à quai,soit nous contraint de naviguer avec l'aide du moteur ; suite aux caprices du dieu Eole, notre programme fut quelque peu modifié.
Nous retenons de cette expérience que la vie à bord d'un voilier est très restreinte pour un aveugle au niveau de l'espace et du confort. En ce qui concerne notre participation aux tâches de navigation et domestiques celle-ci est tout à fait relative, voire compromise. Au cours de cette semaine de croisière, il est impératif qu'une bonne ambiance règne au sein de l'équipage, ce qui fut notre cas. En plus du cadre merveilleux dans lequel nous naviguions, en bordure de littoral, l'enrichissement de cette croisière est qu'il nous a permis de mieux comprendre le handicap de Max.
Max pouvait admirer le paysage et rêvait de gravir le phare de Porquerolles pour y découvrir l'horizon mais quelle frustration pour lui, alors que, accompagnés de notre guide, nous avons pu accéder au phare et ressentir le panorama que nous ne pourrions pas lui décrire.
En conclusion, aussi bien Max que nous les personnes aveugles, devons nous adapter à notre handicap, mais combien de fois devons-nous passer à côté de sensations physiques ou visuelles !
Claudine Passepont et Michel Michelland