Avignon

C'est sur le parking d'Odysseum que nous nous retrouvons ce samedi 25 mars à dix-sept sous un ciel mitigé mais tous bien décidés à rejoindre la capitale du Vaucluse coûte que coûte quitte à dormir sous les ponts. Le départ est donc donné vers 10H30 et c'est une bonne heure plus tard que nous arrivons en périphérie d'Avignon ;après avoir cogité quelques minutes quant à l'opportunité de s'éloigner ou non du bord de la route, nous optons pour un charmant coin de garigue pour assouvir nos divers appétits. Le pique-nique commence, les mets et les bouteilles jaillissent des sacs ! Maritxu nous arrose de son punch, Daniel nous extrait de sa cave un liquide rougeoyant, les fraises de Violaine et les divers gâteaux s'échangent puis disparaissent au rythme des mâchoires tout empruntes d'une gourmandise printanière. Une fois cette mise en bouche opérée, il est temps de pénétrer dans LA cité provençale. Nous arrivons donc au centre d'Avignon à proximité du Palais des papes, notre avance nous permet de déguster un café en terrasse sous un soleil généreux. Allez, trêve de préliminaires il faut pénétrer dans l'enceinte papale. Nous sommes accueillis par une charmante guide qui va nous confier les secrets d'antan, nous narrer le quotidien de cette époque révOlue. Ce palais a été édifié à la commande des papes qui séjournèrent au quatorzième siècle en Avignon pour fuir l'anarchie romaine d'alors. Ils y demeureront jusqu'à la fin du siècle laissant place ensuite à des consuls pontificaux puis, après 1789 aux militaires qui n'apporteront que des touches esthétiques d'une qualité plus régimentaire qu'artistique ! Et voici que se succèdent la cour d'honneur, le vieux palais, le consistoire, les chambres des papes dont les murs peuvent avoir une épaisseur de trois à 4,5 mètres, nous entrons à présent dans la cuisine où l'on pouvait cuire jusqu'à cinq boeufs dans une colossale cheminée, cuisine où ne rentraient que les hommes, l'unique résidente de l'espace étant la lavandière dont on imagine aisément les distractions multiples ! De cette cuisine prolifique s'échappaient des quantités gargantuesques de victuailles multiples et merveilleuses ; les "restes" des festins pontifes été ensuite livrées à la population locale pouvant restaurer jusqu'à 8000 avignonnais ! Repus, les convives devaient ensuite rejoindre les latrines pour soulager leurs organes digestifs submergés. Quant à nous, il est temps après avoir visité brièvement le piège à touriste mercantile de rejoindre Le Pont, ce fameux pont d'Avignon, le pont Saint-Bénézet. Ce légendaire pont construit pour traverser le Rhône, permettre de rejoindre Lyon et la Méditerranée et dont l'instigateur ne verra pas le terme. Il n'y aura donc pas dansé, ni lui, ni quiconque d'ailleurs car nous apprenons navrés que c'est sous le pont qu'on chantait et que c'est un odieux faussaire qui a dénaturé un refrain populaire au XIXe siècle. Pour clôturer cette enrichissante visite nous offrons un verre à notre guide sur la place de l'Horloge avant de rejoindre notre auberge située en périphérie ; chacun repère sa chambre avant de rejoindre le restaurant au rez-de-chaussée ; nous y dégustons une salade de riz très gourmande, des côtes de porc accompagnées d'un gratin savoureux, suivies d'un fromage et d'un dessert. On discute, on rêve, on s'évade et certains bâillent ! C'est par conséquent le moment de régler nos réveils mais aussi nos montres car on nous vole une heure cette nuit ! Le dimanche matin, le buffet est dressé dès huit, Maritxu, Clairette et Christine s'affairent pour que chacun puisse déjeuner, malheureusement Béatrice qui venait pour la première fois se brûle les pieds dans sa douche et ne pourra participer à la randonnée prévue. Une fois les estomacs pleins et les chambres vides, René nous rejoint ; c'est un randonneur local expérimenté du haut de ses 74 hivers qui va animer la randonnée matinale. Nous voici dans la garrigue où se côtoient orchis, euphorbes, iris, narcisses et autres amandiers sur une terre aride et rocailleuse. En fin de matinée, nous atteignons le bourg de Boulbon, entrons par la porte Loriol qui donne sur la grand'rue ; nous passons devant le four banal dont se servaient auparavant les autochtones pour cuire leur pain puis parvenons à la chapelle Saint-Nicolas dans laquelle seuls les hommes pouvaient entrer pour bénir une fois l'an la bouteille de vin du village. Ces kilomètres parcourus sous un splendide soleil ont ouvert de nouveau nos appétits complaisants, nous trouvons donc un petit coin non loin de la chapelle pour pique-niquer en engloutissant les sandwiches préparés par l'aubergiste. Certains ont soif ! Pour entamer l'après-midi nous allons visiter un ancien moulin construit en 1776 et restauré en 2001 ; c'est l'un des derniers à avoir été construits ; nous y pénétrons successivement en deux groupes étant donné l'étroitesse de son intérieur ; une meule de deux tonnes s'impose royalement sous un toit de sept tonnes, nos guides nous font toucher les différents rouages de ce broyeur éolien majestueux. Il sert encore parfois à moudre une farine de blé selon les occasions. Il nous faut à présent rejoindre els voitures garées à proximité de l'auberge, faire l'inventaire des rescapés ! Après quelques derniers adieux, nous voilà repartis vers Montpellier enchantés de ce week-end instructif et chaleureux. René nous donne rendez-vous pour l'année prochaine ; à suivre... Vincent Hoefman