Pour savourer la nature loin de la foule et du bruit, six déficients visuels et neuf accompagnateurs sont partis en randonnée pédestre du 3 au 10 juin 2006, pour découvrir « le chemin de Robert Louis Stevenson », un itinéraire varié et riche en diversité.
Robert Louis Stevenson était écrivain poète, né le 13 novembre 1850 à Edimbourg, en Ecosse. Issu d’une famille bourgeoise, il fera de fréquents séjours en France, notamment celui des Cévennes, accompagné de son ânesse Modestine. Il en tirera un ouvrage racontant leur histoire.
Le chemin de Stevenson traverse quatre départements, du sud du Massif Central aux Cévennes : la Haute- Loire, pays du basalte et de la dentelle ; la Lozère, pays du granit de la Margeride aux schistes des Cévennes ; l’Ardèche, région de montagnes et de hauts pâturages, et le Gard, les Cévennes au climat méridional.
Robert Louis Stevenson est mort le 3 décembre 1894 à l’âge de 44 ans. Il a été enterré selon son souhait au sommet du mont Vaea, face à la mer.
Samedi 3 juin
Le samedi matin, nous sommes partis en voiture de Montpellier, en direction du Monastier sur Gazeille, en Haute Loire, pour y passer notre première nuit à l’hôtel « le provençal ».
Après environ 2h30 de route, nous avons fait une pause pique- nique proche de Margeride, dans un endroit calme et abrité car nous avions déjà pris de l’altitude et le vent était plutôt froid.
Dans l’après- midi, nous nous sommes arrêtés au lac du Bouchet ; Nous en avons fait le tour, histoire de nous dégourdir un peu les jambes.
Le lac du Bouchet, d’une circonférence de 2,4 kilomètres, situé à 1205m d’altitude, occupe le creux d’un cratère. Une sapinière l’enveloppe. Le niveau de l’eau reste mystérieusement constant puisqu’on ne lui connaît aucune source visible ; les scientifiques ont étudié ce phénomène sans vraiment y apporter d’explication.
Ensuite, nous sommes allés au village du Monastier. Nous y avons déposé nos bagages, puis nous sommes allés visiter ce petit village où nous avons pu admirer la stèle de Stevenson qui se dresse sur la place de la Poste et l’église Saint Chaffre datant des XIV- XVI e siècles, en partie romane, construite en pierre de lave polychrome. Nous pouvions également apercevoir le château du Prieur des XII- XV e siècles, construit en pierre de basalte et flanqué de quatre tours rondes.
Sur le parking, nous avons laissé nos voitures pendant la durée du voyage. Chaque jour, un porteur se chargeait de transporter nos bagages de gîte en gîte.
Nous sommes rentrés à l’hôtel nous réchauffer puis, après avoir pris un bon dîner, nous sommes allés nous coucher car nous devions être en forme pour notre première étape du lendemain.
Dimanche 4 juin
Après avoir pris notre petit déjeuner, le groupe était en superbe forme pour affronter la première étape de 10 kilomètres pour nous rendre au Goudet.
Le soleil était au rendez- vous mais hélas, le vent froid aussi ! Il faut dire que nous étions à 930 mètres d’altitude.
Nous avons commencé à fouler les pas de Robert Louis Stevenson vers 9 heures.
Tout en poursuivant notre chemin, l’on gagnait de l’altitude puisqu’en arrivant à Saint Martin de Fougères nous étions à 1000 mètres de hauteur.
Ce petit village possède une église du XI e siècle avec un clocher à peigne, sa porte ouest a la particularité de comporter un tour de porte à 7 niveaux.
Aux alentours de midi, nous avons rechargé les batteries par un pique-nique.
Celui-ci a été suivi d’une lecture tirée du livre de Stevenson, ce moment était répété chaque jour afin de vivre pleinement les moments vécus par notre voyageur.
Nous avons poursuivi notre étape pour gagner notre gîte jusqu’au Goudet perché à 785 mètres d’altitude, ce beau village est situé au bord de la Loire.
Après une promenade près de la Loire, nous sommes monté au château de Beaufort (appartenant à notre châtelain Albert, lui seul en détient les clefs).
Le soir, nous avons apprécié notre repas cuisiné avec des produits locaux et sommes allés faire dodo.
Lundi 5 juin:
Notre deuxième étape se présentait à nous, nous sommes donc partis vers 9 heures pour sillonner le sentier de 12,5 kilomètres. La ligne d’arrivée était fixée au Bouchet Saint-Nicolas.
Tout au long de notre parcours, un magnifique paysage s’offrait à nous, donnant un panaché de couleurs variées ; allant du vert pour les prairies et les champs cultivés, du jaune pour les magnifiques genêts dégageant une odeur très parfumée, sans oublier le superbe bleu fourni par les fleurs des bleuets.
Nous avons pu apercevoir tout au long de notre périple des troupeaux de vaches dans les pâturages.
Nous avons traversé plusieurs petits villages, Montagnac à 950 mètres d’altitude, Ussel, Bargettes, Pressac et nous avons terminé par Le Bouchet Saint Nicolas à 1228 mètres d’altitude.
Le Bouchet est un charmant petit village typique
Mardi 6 juin
Ce jour là, très tôt, nous avons quitté le Bouchet Saint-Nicolas pour nous rendre à Pradeilles en passant par Landos, situé à 1100 mètres d’altitude. L’on a pu contempler son église romane avec son clocher à peigne, puis, à Jagonas, le magnifique château des XIX et XX e siècles. A Arquejol, nous avons profité de la vue sur le viaduc ayant servi pour une ligne ferroviaire, devenu actuellement un vélo rail. Nous avons poursuivi jusqu’à Arquejol
Nous avons pu apercevoir au loin le lac de Naussac, né grâce au barrage de Naussac qui a été construit dans le but de réguler le cours de La Loire en été afin d’approvisionner en eau les centrales nucléaires situées en aval. Ce dernier a une circonférence de 32 kilomètres.
Nous avons eu l’honneur d’avoir un guide qui nous a accompagné tout au long de cette étape de 16 kilomètres, nous nous trouvions sur le plateau volcanique qui est situé entre la Loire et l’Allier. Ici, la roche de couleur noire ou rouge est appelée « basalte », le terrain riche en fer est idéal pour la culture de la lentille verte. Il faut savoir qu’un pied de lentille mesure environ 15 centimètres de haut et qu’il détient une dizaine de gousses qui contiennent seulement deux graines chacune.
Il est essentiel d’ôter au maximum les pierres du champ avant la moisson, car la lame de la moissonneuse -batteuse ne peut pas descendre en dessous de 8 centimètres.
La moisson se fait au mois d’août et ne s’effectuera que si le taux d’humidité n’excède pas les 14% pour obtenir l’AOC.
Ensuite, les lentilles sont ventilées pour en évacuer les gousses et triées.
Vers Pradeilles, l’on trouve beaucoup de croix signifiant la chrétienté. A l’Ascension, l’on donnait une messe et l’on bénissait les troupeaux et les récoltes.
Mercredi 7 juin:
Nous quittons Pradeilles en Haute Loire pour nous rendre à Langogne en Lozère, étape de 16 kilomètres.
Nous ne voulions pas partir d’ici sans avoir effectué au préalable la visite du charmant petit village qu’est Pradeilles.
Nous sommes passés où se trouvait le marché aux bestiaux, puis on a pu constater ce qu’il reste des remparts : la porte de la Verdette et la stèle représentant une scène où Jeanne de la Verdette brave des assaillants protestants en jetant une grosse pierre sur leur chef, le capitaine Chamband, sauvant ainsi Pradeilles de l’occupation. Sur la place, se trouve une magnifique maison à arcades et l’ancien hospice relais des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle.
On y trouve également l’église Notre Dame chapeautée d’une Sainte Vierge datant du XVII e siècle.
Ensuite, nous avons repris notre marche en direction de Langogne où nous avons fait un arrêt pique-nique au camping de ce beau village. Puis nous avons gagné le gîte à proximité du lac de Naussac. L’après-midi était libre pour tous, certains en ont profité pour faire une bonne sieste, d’autres se sont détendus au bord du lac tandis que d’autres encore visitaient Langogne.
Perché à 915 mètres d’altitude, Langogne est né en 998 à partir d’une église et d’un monastère bénédictin, dépendance de l’Abbaye du Monastier Sur Gazeille grâce à un don du Vicomte Etienne et de son épouse.
Langogne sort de ses remparts au XVIII e siècle. En 1743, Ambroise de Fleury prieur de la ville, fait construire la halle avec ses quatorze piliers (une des plus grande conservée en France). Ce fût un lieu important d’échange de céréales, cuir, laine de pays contre les châtaignes des Cévennes, vin et huile de Provence et autres marchandises du midi et de la méditerranée.
L’on peut aussi observer le mur du rempart avec ses cinq tours restaurées (anciennes prisons) occupées aujourd’hui par des commerces.
Au début du XX e siècle, Langogne avait encore son marché aux veaux, bœufs et mulets.
La journée du mercredi s’est terminée en beauté, en partageant un excellent repas.
Jeudi 8 juin:
Le repos de la veille a été bénéfique, le groupe de randonneurs est toujours en pleine forme pour affronter l’avant dernière étape de 20 kilomètres.
Nous sommes partis de Langogne, destination Le Cheylard- l’Evêque accompagnés de Jean-Claude, notre guide du mardi.
En cheminant du côté de Saint-Flour de Merçoire à 1049 mètres d’altitude, nous sommes passés près d’un parc de treize éoliennes (machine qui tourne avec le vent fournissant de l’électricité), puis d’un ancien four à bois utilisé pour la cuisson du pain, de la flèque (sorte de gratin dauphinois) . nous avons trouvé aussi un ancien lavoir et enfin la maison des artistes ayant reçu Molière, Jean Vilar et tant d’autres. Plus loin, vers Fouzillac, d’innombrables oies nous ont fabuleusement accueillies par leur caquetage.
Nous sommes arrivés en fin d’après-midi au gîte de Le Cheylard- l’Evêque. Nous nous serions presque crus à la mosquée car nous devions nous déchausser pour déambuler à l’intérieur du gîte (des pantoufles de plusieurs pointures étaient mises à notre disposition). Avant le dîner, nous avons visité le village situé à 1125 mètres d’altitude. A l’entrée du village, l’on peut admirer une magnifique maison avec une tour et sa chapelle Notre- Dame- de- toutes- les- Grâces placée sur une butte et ses quatorze stations de chemin de croix.
Le repas du soir que nous avons partagé avec notre guide et son épouse a été digne de tous nos efforts accomplis.
Vendredi 9 juin:
Après avoir eu droit à un petit déjeuner aussi remarquable que la veille, nous étions prêts à accomplir notre dernière étape d’une distance de 20 kilomètres.
Nous avons quitté Le Cheylard- l’Evêque en direction de la Bastide Puylaurent.
Nous avons traversé la forêt de la Gardille, forêt de sapins et de hêtres pour arriver au lac d’Oradou où nous avons fait une halte pour pique-niquer. Là, Albert a retiré de son sac le livre de Stevenson pour nous faire la dernière lecture de l’épisode qui correspondait à l’étape que nous faisions.
Nous avons repris notre randonnée sur un sentier descendant et dominant la vallée de l’Allier, d’où l’on aperçoit les ruines du château au village de Luc, surmontées d’une imposante Vierge (Lou Cagaïre) datant du XIV e siècle. L’église laisse apparaître deux détails : le porche d’entrée en contrebas et l’escalier extérieur donnant accès au clocher.
Après avoir fait environ cinq kilomètres sur la route pour atteindre le gîte de la Bastide, nos derniers kilomètres ont été les plus difficiles car une très forte montée nous attendait. Malgré la fatigue et la chaleur, nous l’avons grimpée sans trop de difficulté car nous étions rôdés.
Lorsque nous sommes arrivés au gîte, une bonne bière bien fraîche ainsi qu’une bonne douche furent les bienvenues.
Après le dîner, nous n’avons pas fait de vieux os, nous sommes allés nous coucher assez rapidement.
Samedi 10 juin:
Notre voyage s’arrête là, mais pas pour tout le monde, deux d’entre nous, Jérôme et Annie ont décidé de faire le reste du circuit, ils sont donc partis de leur côté tandis que le reste du groupe se préparait pour le retour sur Montpellier.
Ce séjour s’est passé dans la convivialité, la bonne humeur, chacun d’entre nous en gardera un excellent souvenir.
Nous avons eu le bonheur de pouvoir arpenter les sentiers de la Haute-Loire et ceux de la Lozère, grâce à Albert.
Nous le remercions très sincèrement, pour avoir eu la formidable idée de proposer et de concocter ce séjour afin de nous faire partager une expérience qu’il avait vécu avec Jeanne son épouse et ses amis Francis et Josiane l’année précédente.
Nous adressons aussi nos remerciements à tous les accompagnateurs qui ont eu à nous supporter durant toute une semaine et nous leur donnons pourquoi pas rendez-vous l’année prochaine, pour continuer la seconde partie du circuit du chemin de Stevenson.
Bernadette Agard